ORSOLA RIVATA - Mère SCHOLASTIQUE

Vénérable Mère Marie Scholastique Rivata

Avec immense joie, nous accueillons la nouvelle que le 9 décembre 2013, Pape François dans l’audience accordée au Cardinal Angelo Amato, Préfet de la Congrégation des Causes des Saints, a autorisé “la promulgation du Décret concernant les vertus héroïques de la Servante de Dieu Maria Scolastica de la Divine Providence (au siècle : Orsola Maria Rivata),

Religieuse professe et Première Supérieure Générale des Sœurs Disciples du Divin Maître; italienne (1897-1987)”.Avec la promulgation du Décret Mère Scolastica devient “Vénérable”.

Remercions et louons le Divin Maître pour ce grand don.


 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Connaître Mère M. Scholastique Rivata et

les Sœurs Disciples de Jésus Maître

Mère Scholastique, la femme du OUI (9)

Tous les débuts comportent des inconnus et des difficultés. Nous ne pourrons jamais connaître et comprendre les inconnus et les difficultés que le théologien Alberione a rencontrés et affrontés victorieusement dans ses nombreuses fondations. En en parlant, il affirme que les difficultés ont été nombreuses mais qu'elles ont toutes été vaincues avec l'aide de la prière. L'œuvre humaine est indispensable; Jésus nous en a donné l'exemple. Pour payer nos dettes envers le Père, il a pris la nature humaine. Pour accomplir ses œuvres, à commencer par l'évangélisation du monde, il s'est associé les apôtres, et par la suite, des hommes qu'il a choisis pour les œuvres de sa gloire. De par elle-même, l'oeuvre humaine ne compte pas, mais si elle est vivifiée par la grâce de Dieu, elle a une puissance à laquelle aucune force ne peut résister.

Avec les deux premiers garçons, le Théologien a commencé la Société-Saint-Paul. Du 12 août 1914 à nos jours, que d'aventures, que de difficultés, que de problèmes. Le Seigneur accompagnait chaque pas et avec son aide, tout arrivait à bonne fin; mais l'action humaine a été indispensable. Le Seigneur est à la base de l'œuvre entière, mais l'œuvre ne s'est pas réalisée et développée sans le concours de l'homme. Le Théologien Alberione a été le mobile de tout. Jésus Maître l'a aidé en lui envoyant des collaborateurs dignes d'éloge. Comment ne pas reconnaître cette contribution en la personne du Bienheureux Timothée Giaccardo ainsi qu'en la Vénérable Mère Thècle Merlo.

Cette contribution de Dieu aux œuvres humaines nous amène à considérer celle de Mère Scholastique, femme que Dieu lui a donnée pour l'aider à fonder la famille des Sœurs Disciples de Jésus Maître, et que nous pouvons appeler la femme du OUI en raison de sa fidélité. Nous pouvons vraiment l'appeler ainsi à partir du moment où Dieu l'a appelée à travailler à son service, à partir de ses conversations secrètes dans son église paroissiale, conversations qu'elle a mûries dans l'intimité de sa chambre. Ce OUI, elle l'a prononcé généreusement quand le père Alberione lui a demandé le consentement de sa consécration totale au service de Dieu. Elle n'était plus une enfant. Son consentement n'a pas été un acte irréfléchi mais un OUI consenti et plein de reconnaissance à l'acceptation de la volonté du Seigneur, sans savoir ce que le Seigneur exigerait dans sa vie. Elle était désormais entre les mains de Dieu. Le raisonnement ne compte pas, seule l'action a de la valeur.

Que lui arrivera-t-il dans la vie? L'avenir est dans les mains de Dieu, nous ne sommes que des serviteurs, le maître, c'est Lui. Peut-être bien sans le dire avec la bouche, elle l'a exprimé avec son cœur : Seigneur, je suis ta servante. Tu commandes et moi, j'obéis.

Le Seigneur a ses secrets et ses voies sont tracées. Pour accomplir ses desseins, il appelle qui il veut, quand et comme il veut.

Mère Scholastique avait dit son OUI, et la voilà sur le sentier de la volonté de Dieu, mais pourquoi? Tu es le Maître, moi, je suis la disciple. Par l'intermédiaire du père Alberione, le Seigneur lui fait connaître sa volonté, jour après jour, sans beaucoup d'explications.

Ce qui brillait à ses yeux, ce n'était pas la route sur laquelle le Maître l'attendait. Les Filles de Saint-Paul lui semblaient être la route sur laquelle Dieu l'attendait. Mais Dieu avait d'autres projets.

Elle quitte son village, sa paroisse, sa maison et les siens qu'elle chérit pour vivre l'Évangile. " Si quelqu'un aime son père et sa mère plus que moi, il n'est pas digne de moi ". Elle laisse tout et dit : " Seigneur, toi seul, et c'est tout ".

La voilà à Alba où le Théologien Alberione l'avait appelée.

Les Filles de Saint-Paul avaient déjà une communauté bien orientée, aimablement protégée par la Vénérable Thècle Merlo. Le point d'arrivée semblait atteint, faire partie du groupe composant la congrégation des Filles de Saint-Paul. Mais ce n'était pas là que le Seigneur l'attendait. À son premier OUI, d'autres devaient encore s'ajouter.

Le Théologien Alberione dit à Mère Thècle, supérieure des Filles de Saint-Paul : mettez à part la postulante Ursule Rivata avec quelques autres postulantes qu'elle nomme; je dois leur faire un entretien particulier inhérent à une tâche que je leur confierai. Avec les compagnes qui lui étaient désignées, la jeune Ursule, avec son sourire habituel, répond son OUI. Un OUI qui n'est qu'un commencement auquel plusieurs autres suivront.

Aucune particularité extérieure ne distinguait ce petit groupe sinon les rencontres particulières avec le Théologien qui leur donnait des enseignements appropriés et les exhortait à accomplir des tâches différentes de celles des Filles de Saint-Paul

Ce qui m'a impressionné personnellement dès le début, ce fut de voir ces postulantes appelées à faire des travaux que les postulantes des Filles de Saint-Paul ne faisaient pas. Un étonnement pour nous, mais pour elles, une réalisation du OUI.

Pour les absents, la curiosité était de savoir ce qu'elles faisaient. Ce n'était pas des travaux inhérents à la typographie mais les travaux qu'une mère de famille accomplit. Entretenir la maison et faire tous les travaux utiles au maintien d'une famille. C'était édifiant et surprenant de voir ces postulantes nettoyer la cour, ramasser les restes de bois, et un peu à la fois, s'en aller au jardin; et cela, sans négliger toutes les nécessités du groupe de la Société Saint-Paul.

Le jardin potager fut l'endroit principal où nous avons découvert la qualité des vertus de Mère Scolastique. On ne croit pas qu'elle a fait à sa tête en se mettant à ce travail. C'est pour perfectionner le OUI que le Théologien lui demandait.

C'était édifiant de voir Mère Scholastique aidée par quelques membres de son groupe, semer et prendre soin de ce qui pouvait faire la joie de la récolte prochaine. C'étaient les débuts et on ne pouvait imaginer rien d'autre.

L'appel de Dieu exprimé par le Théologien Alberione et écouté généreusement par Ursule Rivata ne consistait pas simplement à entretenir le jardin ou à accomplir quelques travaux semblables. Le but était bien plus élevé et le jour vint où il se révéla ouvertement.

Dans ses conversations privées, le Théologien avait préparé le terrain et le moment propice était venu, la semence jetée germa, en portant des fruits abondants. C'est le 10 février 1024. Avec ses compagnes, la postulante Ursule Rivata met le premier habit des Sœurs Disciples et la nouvelle Famille commence. Elles font aussi la première profession privée et Ursule Rivata prend le nom de Scholastique. À partir de ce jour-là, le OUI se réalise d'une manière spéciale. De par une disposition du Théologien, Sœur Scholastique devient la responsable du groupe et la porte-parole de ses dispositions. Tâche qu'elle n'a pas recherchée et qui ne l'honore pas, mais qui met plutôt la l'épreuve la fidélité de son OUI. Qu'on dise, avec beaucoup de respect, que pour l'exécution de ses programmes, le Théologien n'était pas toujours de miel.

Malgré son autorité et sa fermeté, le Théologien ne dépassait pas les limites qui lui convenaient et c'est ici que nous pouvons apprendre la prudence et la docilité de Mère Scholastique. Ce n'est pas elle qui prend les décisions concernant les différentes activités que les Sœurs Disciples ont commencées et accomplies. Le Théologien est l'étincelle, mais la flamme qui réchauffe et porte à terme les œuvres courageuses, c'est la volonté de fer de Mère Scholastique.

L'acceptation et l'exécution de la volonté du Théologien se sont manifestées dans toutes les œuvres que les Sœurs Disciples ont sollicitées et accomplies avec le soutien et l'encouragement de leur supérieure. Dans les premières années, et particulièrement au début de la fondation des Sœurs Disciples, la Société Saint-Paul se trouvait dans de très grandes nécessités à tous les points de vue. Rien d'étrange que dans la pensée du Théologien il y a eu celle de donner à ses fils les attentions maternelles du personnel, non seulement pour vivre, mais aussi pour se nourrir. Les difficultés financières sont nombreuses mais il est impensable de croire qu'il importe simplement aller trouver le Théologien. Si on y va, sa réponse est celle de suggérer d'aller trouver Saint Joseph, c'est lui qui pourvoit.

Pour les nécessités de la Maison Mère, les sollicitudes de Mère Scholastique s'étendirent aux villes italiennes, puis elles survolèrent les confins de la mère patrie.

Si j'ai eu l'occasion d'admirer les attentions et l'obéissance de Mère Scholastique en plusieurs occasions à Alba, j'ai été davantage édifié lorsque les dispositions d'obéissance l'ont conduite à œuvrer à l'étranger.

Les attentions et les préoccupations de Mère Scholastique pour la réussite de ce que le Théologien voulait sont édifiantes. Nombre de ses actions, même nécessaires, ne seront jamais connues. Ce sont des voyages, des rencontres avec des personnes inconnues, des encouragements à ses sœurs et même en raison de ses voyages fréquents, les risques de soupçons de la part d'une surveillance qui l'a exposée, à cause de doutes, à des rencontres peu souhaitables avec la police. Dans sa simplicité et dans son obéissance, elle fait tout en souriant.

Les raisons qui ont suscité en moi le désir d'écrire ces pensées sur Mère Scholastique, en l'appelant la femme du OUI sont simplement des désirs de faire connaître les vertus de celle qui, ayant vécu dans l'humilité et l'obéissance, n'a jamais eu la prétention de se faire connaître comme la femme du OUI, titre qui reflète fidèlement ce qu'elle était.

La Maison Mère se trouve dans des nécessités financières très rigoureuses. Personne, d'abord parce qu'on ne pense pas aux nécessités, a renoncé aux repas habituels, même s'il n'y a pas d'abondance. Les Sœurs Disciples ont la charge de les préparer mais aussi la préoccupation de pourvoir le nécessaire. Comment le trouver et où le trouver? La réponse est simple, les commerçants n'ont d'autre désir que celui de vendre mais le problème est de trouver de l'argent. Le Théologien répond d'avoir confiance et de prier Saint Joseph. Le pourvoyeur généreux se fait prier mais il ne laisse jamais manquer le pur nécessaire. La Providence aide quiconque s'aide. C'est dans cette stricte nécessité que le OUI de Mère Scholastique est mis à l'épreuve. Elle aide, encourage, anime, soutient ses sœurs à tout faire pour avoir le nécessaire. C'est en cette période qu'elles commencent la propagande qui, pour elles, est plus pour demander l'aumône que pour rassembler de l'argent pour acheter un peu de pâte ou de verdure pour apaiser la faim de tous ces jeunes. La fondation en France n'avait pas pour but de préparer un Centre, tout autre; ce qui arriva avec les années.

Les travaux des Sœurs Disciples pour pourvoir aux nécessités de la Société Saint-Paul ne seront jamais connus.

Les voyages que Mère Scholastique a fait d'Alba à Paris pour recueillir un peu d'argent, la soi-disant propagande pour les nécessités de la Maison Mère, personne, ou très peu en connaissent le motif. J'étais au courant parce que je savais qu'elles avaient le devoir de payer ce qu'elles prenaient chez les fournisseurs. Ces voyages qu'elle faisait n'étaient pas des voyages de touristes. La police s'intriguait même de ces voyages fréquents et elle était plus perspicace. Il était défendu de transporter de l'argent, et malgré la cachette de quelques francs dans une pelote de laine qui servait à faire une paire de bas, elle a du passer au bureau de la police, avec le danger du procès.

La pauvreté initiale s'est solidement enracinée dans la vie des Sœurs Disciples mais ce fut une racine qui a produit de bons fruits. Les sacrifices n'apportent jamais le mal; au contraire, ils produisent toujours de la vitalité et du bien.

J'ai seulement fait allusion à quelque chose d'ordre matériel concernant Mère Scholastique, considérant simplement une facette de la figure de cette religieuse. Il faut, mais ce n'est pas mon intention, voir Mère Scholastique dans la deuxième partie, celle de la formation spirituelle de ses sœurs. C'est la partie spirituelle qui l'intéresse davantage. Elle a non seulement la préoccupation de la fidélité à leur devoir principal - l'adoration du St Sacrement, elle veut la fidélité à tous les principes religieux qui font d'elles des filles authentiques de Dieu. Elle veille sur la fidélité à l'adoration continuelle qui, au cours des premières années, est d'une véritable édification et d'une fidélité en dépit de toutes les autres obligations. Elle anime les sœurs et elle est toujours disposée à remplacer celles qui en sont sérieusement empêchées. Elle est toujours la première à se présenter quand il s'agit de remplacer les sœurs aux heures de la nuit.

Si l'adoration est un devoir principal, la formation n'est pas négligée. La fidélité à la récollection mensuelle est une prescription à laquelle on ne peut manquer. Dans ses visites aux maisons, surtout à l'étranger, elle a toujours la préoccupation qu'un prêtre soit disponible pour les instructions. Elle ne manque jamais de faire aux religieuses une longue exposition de leurs devoirs, avec des conférences, simples mais pratiques. Elle est la mère qui donne à ses filles la nourriture qui leur convient.